Revue d’actualité N1: Alpha Condé libre
Bonjour à toutes et tous,
Bienvenue sur notre antenne consacrée à la revue d’actualité de l’École Politique Africaine.
Au sommaire,
On débutera tout d’abord par l’élection présidentielle française remportée par le président sortant Emmanuel Macron. Il s’agit de s’intéresser sur la place qu’occupe l’Afrique dans son programme en ce qui concerne la politique étrangère : Rupture ou continuité ? ou continuité dans la rupture ? on vous expliquera tout dans un instant.
Ensuite, on ira dans une zone à cheval entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est notamment dans les régions des grands lacs où le gouvernement congolais de la RDC a décidé d’entamer des consultations avec les groupes armés sévissant à l’est du pays
Enfin, on remontera en Afrique de l’Ouest en Guinée-Conakry plus précisément le CNRD a annoncé la libération du président Alpha Condé.
Comme annoncé nous débuterons par la France où le 24 avril 2022, Emmanuel Macron fut réélu président de la République en remportant 58,5% des voix face à la candidate Marine le Pen du rassemblement national.
Lors de cette campagne présidentielle, les candidats se sont prononcés sur des questions de politiques étrangères essentiellement tournées – et situation oblige – sur la guerre en Ukraine.
S’agissant des relations entre la France et l’Afrique, les deux candidats ont très peu évoqué, au cours de leurs différentes interventions, le type de relations qu’ils envisagent entretenir avec le continent africain alors que l’Afrique a été particulièrement présente durant le premier mandat du président sortant Emmanuel Macron avec notamment la crise sécuritaire au Sahel, le retrait des troupes françaises au Mali, la réforme du Franc CFA.
Comment interpréter ce silence ?
« Oubli ou défaut de communication ? » s’interroge le journaliste Pierre Firtion dans un article publié le 15 avril 2022 sur le site de Radio France Internationale.
En réalité, ce silence annonce la poursuite de la politique étrangère entamée depuis 2017 puis formalisée dans un document intitulé « La construction d’un nouveau partenariat avec l’Afrique » ; document que l’on retrouve sur le site de l’Élysée.
Dans ce document publié en date 15 février 2022, figurent différents axes qui sont censés construire un nouveau partenariat entre la France et l’Afrique pour les cinq années à venir.
Premier élément, s’appuyer sur les travaux d’historiens afin d’apaiser les mémoires et établir de nouvelles relations. Nous avons l’exemple du rapport Duclert sur le génocide des Tutsis au Rwanda – rapport qui conclut à des responsabilités lourdes et accablantes de la France mais écarte la complicité du génocide ; ou encore le rapport sur la restitution du patrimoine africain rédigé par Felwin Sarr et Bénédicte Savoy. Reste à savoir quels seront les prochains pays sur le continent qui seront concernés par ce travail de mémoire ?
Ensuite, sur le plan économique, le programme du Président réélu évoque le leadership pris par la France en faveur d’une réponse juste et solidaire à la crise du Covid 19 en Afrique sans toutefois mentionner les actions qu’ils comptent poser dans le cadre des échanges entre la France et l’Afrique.
Enfin, sur les questions de sécurité et défense, il n’existe aucune information sur la stratégie que compte mettre en place le Président Macron dans un contexte marqué par le retrait des forces françaises du Mali et la contestation de la présence militaire française par les populations et membre de la société civile de cette région. Il ressort plutôt de ce programme que : « les Français sont mieux protégés » à l’étranger et la France sous la présidence d’Emmanuel Macron « a renforcé la coopération sécuritaire avec ses principaux partenaires européens et internationaux » … aucune indication n’est fournie sur la façon dont le président Macron envisage la présence militaire française au sahel même si un redéploiement vers d’autres pays de la région est envisagée.
En somme, pour les cinq ans à venir, les relations entre l’Afrique et la France seront axées sur un travail de mémoire, des relations économiques encrées dans le statu quo et un dispositif militaire encore éloigné d’un désengagement total de la France… Pas sûr qu’un nouveau « Talkshow » de Montpellier vienne considérablement bouger les lignes !
Nous partons maintenant pour Nairobi au Kenya où sont organisés depuis le vendredi 22 avril des pourparlers entre les rebelles opérant dans l’est de la République du Congo et le gouvernement de Kinshasa, nous indique Denis Nsengiyumva du média rwandais en ligne Bwiza
Les présidents de l’Ouganda, du Burundi, du Rwanda et de la RDC se sont réunis pour discuter de la crise qui frappe l’est de la République Démocratique du Congo. Le but de cette réunion est d’inviter tous les groupes rebelles locaux ou étrangers agissant à l’est de la RDC à désarmer et rejoindre leurs pays d’origine.
Si le terme de pourparlers laisserait envisager des négociations politiques avec différents groupes rebelles – pourparlers qui se résument souvent à désarmement contre reconnaissance en tant que parti politique ; ou intégration dans l’armée régulière, amnistie pour tout le monde et aurevoir la justice – le professeur Serge Tshibangu, mandataire de la Présidence de la République, indique qu’il s’agit plutôt de consultations dont l’objectif est d’inciter les groupes armés « à déposer les armes ». Aucune compromission n’est donc envisageable au niveau de l’exécutif congolais.
Au niveau des groupes armés présents à l’est de la RDC, il convient d’opérer une distinction entre groupes armés locaux d’autodéfense et groupes armés étrangers. En effet, la partie orientale de la RDC a connu de nombreuses rebellions dont la plupart ont reçu le soutien de des pays voisins à savoir le Rwanda et l’Ouganda bien que ce dernier intervienne aujourd’hui sur le territoire congolais dans le cadre de la lutte contre les rebelles ougandais de l’ADF.
Ces consultations permettront d’envisager les conditions de réinsertion des membres de ces groupes d’autodéfense qui disent se battre contre les « prédateurs étrangers » à savoir les forces rebelles venues des pays voisins.
Si tout semblait bien se dérouler jusque-là, la reprise des hostilités entre forces armées congolaises et les rebelles du M23, l’un des principaux groupes armés dans l’est de la RDC, vient fragiliser le processus de pourparlers entamés à Nairobi. Chacune des parties s’accusant mutuellement d’être à l’origine des premiers tirs. Cela a entraîné l’exclusion du M23 de la table des consultations. Le gouvernement congolais et les pays de la région ont dans ces sens précisé que l’option militaire reste toujours sur la table car comme l’indique le journaliste Alain Diasso l’objectif est d’obtenir une reddition sans condition des forces rebelles et préparer leur réinsertion sociale.
Il faudra dès lors suivre de près l’évolution de ses consultations car la recherche de la paix et de la stabilité de la région ne doit pas – encore une fois – se solder par une absence totale de justice. Par ailleurs, la reprise des hostilités avec le M23 montre que l’option militaire doit être envisagée – non pas uniquement par l’Etat congolais – mais par l’ensemble des Etats de la région.
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Nous terminons notre d’actualité en Afrique de l’Ouest et plus précisément en Guinée-Conakry où Alpha Condé a été déclaré « libre » par le CNRD (comité national pour le rassemblement et le développement). Ce dernier continuera de « bénéficier d’une protection adéquate et pourra recevoir à sa demande les membres de sa famille biologique politique, des amis ou proches » indique le communiqué. En effet depuis le coup d’état du 5 septembre 2021, le président Alpha Condé avait été placée en résidence surveillée par les militaires désormais au pouvoir. Ces derniers ont mis en place comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD) chargé de conduire « une transition inclusive et apaisée vers un nouvel ordre constitutionnel ». Cette libération intervient alors que la CEDEAO avait menacé de prendre des sanctions si, d’une part, le président Alpha Condé n’était pas libéré et, d’autre part, si le CNRD ne présentait pas un calendrier établissant la durée de la transition.
Fameuse CEDEAO ! organisation prompte à défendre les présidents au mandat de trop mais complètement aphone lorsqu’il s’agit de défendre les peuples face aux régimes autoritaires et dictatoriaux…
Quoiqu’il en soit, cette libération ne doit pas se traduire en une forme d’immunité pour l’ancien président car les manifestations anti troisième mandat ont causé la disparition de citoyennes et citoyens guinéens sortis défendre le respect de la limitation des mandats.
Là encore, la justice doit intervenir et non être écartée au profit d’une transition inclusive qui vient rétablir des acteurs politiques non exempts de tout reproche.
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Á propos, estimez-vous qu’au nom de la réconciliation nationale ou de la consolidation de l’unité au sein d’une nation, il faille taire toute aspiration à la justice ?
Faire table rase et construire sur de nouvelles bases sans situer les responsabilités de chacun est-ce un projet viable sur le long terme ?
Pour répondre, nous allons recevoir M. KONGO ATUMGLBAN MANI sur la place qu’occupe la justice dans le processus de réconciliation nationale au sein des Etats africains.
Entretien avec M. KONGO ATUMGLBAN MANI, analyste politique et fondateur du média ATUMGLBAN FM, nous permettra de comprendre les enjeux liés à une telle décision.
Bonne écoute 🎧
Amon Joane